
Depuis le coup d’État du 1er février dernier, la répression militaire à l’encontre des manifestants continue de s’intensifier au Myanmar. Les édifices religieux sont également visés par l’armée et sont soumis à des perquisitions sous le prétexte d’activités illégales présumées.
Samedi, le régime militaire du Myanmar a perquisitionné plusieurs églises dans l’État de Kachin dans le nord du pays. Ainsi, les églises de la Convention baptiste de Kacin (KBC), de l’Associations catholique romaine et de l’Association anglicane à Mohnyin ont été fouillées par l’armée.
Le pasteur Awng Seng, de la Convention baptiste de Kachin a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une « recherche aléatoire ». Il rapporte que les militaires « ont été minutieux, ont franchi les clôtures et sont entrés dans tous les bâtiments de l’enceinte », le pasteur ajoute qu’un officier « est allé directement fouiller » son logement personnel.
Les soldats ont justifié leur perquisition en affirmant qu’ils auraient été informés qu’un membre actif du mouvement contre le coup d’Etat se trouvait à l’intérieur de l’église et que des chefs religieux participaient aux manifestations. Ils sont allés jusqu’à « fouiller les déchets » rapporte le pasteur qui a fortement condamné cette manifestation de force « inacceptable ».
« C’est un site religieux qui partage les enseignements chrétiens. S’ils veulent fouiller, ils doivent demander la permission des chefs religieux. Au lieu de cela, le personnel armé est arrivé comme s’il menait une opération militaire. C’est inacceptable et je le condamne fermement. S’ils se comportent ainsi dans un édifice religieux, nous ne pouvons pas imaginer comment ils se comportent dans les foyers. »
« Nous ne sommes en sécurité nulle part ! » conclut Awng Seng.
Un membre de l’Association catholique romaine, est également revenu sur la perquisition dont son église a été victime.
« Ils ont fouillé partout. Ils cherchaient des manifestants anti-régime. Ils ont même fouillé nos motos. »
Cependant, l’armée n’auraient rien trouvé d’illégal dans les trois églises.
La veille, vendredi, la ville de Bago a été assiégée par les forces armées lors d’une attaque meurtrière qui a fait au moins 82 morts rapporte Myanmar Now. Les militaires ont également fouillés les logements des habitants de la ville. Malgré ces attaques, des manifestations contre le régime militaire ont à nouveau été organisées samedi dans la ville de Bago. Au total, près de 701 personnes ont été assassinées au Myanmar depuis le coup d’Etat selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
Face à cette escalade de violence, Courrier International rapporte que des des civils et Kyaw Moe Sun, l’ambassadeur birman à l’ONU ont lancé un appel au Conseil de sécurité de l’ONU, le suppliant d’agir. « S’il vous plait, s’il vous plait, passez à l’action » a imploré l’ambassadeur.
Camille Westphal Perrier